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Faïencerie

Une corporation très active

Le secteur de la poterie a pris tout son essor lors de la reconstruction de Nègrepelisse après la prise de la ville par les troupes du roi Louis XIII. En effet, un important marché s’ouvrit aux briquetiers et aux potiers. Vers 1740, la bastide en comptabilisait huit « Maisters pottiers de terre », chiffre relevé dans les registres paroissiaux et dans les actes civils. On peut citer par exemple, le maître Griffoul, Jean Marty, Jean Soulié, la famille Molinié et Viguié.
La création de la faïencerie à Nègrepelisse est sans nul doute dû à l’essoufflement du secteur du textile dont la ville possédait une très active corporation de tisserands de toiles de coton répertoriée dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. C’est à ce moment là, que la famille bourgeoise et protestante Viguié chercha une industrie de substitution : l’industrie de la céramique. Les poteries dites des Valettes sont des faïences provenant du lieu de production « les Valettes » site acheté par Viguié où abondait l’argile et les marnes. Sa politique « bon produit à bon marché » était un argument de force pour concurrencer les entreprises d’Ardus et de Montauban. Son travail a forgé une certaine renommée. L’existence d’un four fut retrouvé au lieu dit « les Valettes ». Le faïencier compétent pour la création des poteries se nommait Marcellou pour une durée de 12 ans. Le départ de Marcellou, la disparition de Viguié en 1804 et la révolution française (où toutes les fabriques disparurent ou dépérirent) sont sans doute les trois causes du déclin de son entreprise.

La fontaine de Nègrepelisse

La faïencerie artisanale de Nègrepelisse, bien que modeste est l’un des trésors culturels de la ville. Une assiette grand feu à l'oiseau et une assiette petit feu à la rose (ancienne collection Périès) se trouve à l'abbaye de Belleperche. Une assiette a été donnée au Musée Ingres.

La Fontaine se situe au Musée National de la Céramique à Sèvres. Il s'agit d'une fontaine en faïence complète avec sa vasque et son réservoir, ensemble grand feu, provenant de la manufacture de Jean Viguié, qui pendant le quart du XVIIIème siècle, fabriqua de la faïence aux Valettes. A la mort de M; Viguié en 1804, en raison d'une concurrence internationale sévère et l'incapacité de ses successeurs à poursuivre l'ouvrage, la manufacture disparut.

L'examen de la Fontaine montre un dessin assez frustre et une palette de couleurs limitée à un violet, un bleu, un jaune et un vert sale. Le trait est chatironné de manganèse. A la base du réservoir, un dauphin, au visage d'humanoïde moustachu crache l'eau par le robinet. Le corps couvert d'écailles bleues et jaunes se termine par une bizarre nageoire caudale bifide. De part et d'autre du dauphin, une femme et un homme sont représentés. Vëtue d'una ample jupe et d'un caraco, un panier sous le bras, la femme est coiffée d'un curieux capuchon. Arborant un large chapeau, l'homme à la redingote et à la culotte bouffante s'appuie sur une canne. Les deux personnages sont encadrés par des arbres sommairement peints.

Au sommet du réservoir, une guirlande de laurier encadre deux Amours dont l'un tient un oiseau sur son index tendu. Cette scène se répète sur le couvercle et sur la vasque. La fontaine, longtemps restée dans la Maison Viguié, Grand Rue, entra dans la collection du Musée en 1939. De Nègrepelisse, Sèvres conserve également un petit pot de pharmacie et une assiette à la Palombe.